Article N° 7791

Progestatifs et méningiomes

Progestatifs et méningiomes : une nouvelle étude confirme les risques avec certains progestatifs

Abderrahim Derraji - 01 avril 2024 07:38

Le Groupement d'intérêt scientifique en épidémiologie des produits de santé ANSM-Cnam (Epi-Phare) a publié une vaste étude de pharmaco-épidémiologie dans le «British Medical Journal» (BMJ) au sujet du risque de méningiomes intracrâniens associé à l'utilisation de progestatifs. Cette étude a conduit à des recommandations importantes pour l'utilisation et le suivi des personnes qui doivent être traitées par ces médicaments.
 

Au total, 18.061 femmes âgées de 45 à 74 ans (en moyenne 58 ans) et opérées d’un méningiome entre 2009 et 2018 en France ont été incluses dans l’étude, appariées avec 90.305 femmes témoins.

L'étude révèle que :
 

• L'utilisation prolongée (un an ou plus) de médrogestone (Colprone) est associée à un risque 3,5 fois plus élevé de méningiome nécessitant une intervention chirurgicale par rapport aux témoins.

• L'utilisation prolongée de l'acétate de médroxyprogestérone injectable (Depo Provera) est associée à un risque multiplié par 5,6. Le risque est multiplié par 2 lors des expositions prolongées à la promégestone (Surgestone), qui n’est plus commercialisée depuis 2020 en France.

• L’étude n’a pas montré de risque de méningiome pour une utilisation de moins d'un an de ces trois progestatifs et en l’absence d’exposition préalable aux trois progestatifs cyprotérone, nomégestrol et chlormadinon.

• Les expositions à la progestérone par voies orale/intra-vaginale ou percutanée (Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (Duphaston) n’ont pas été associées significativement à un sur-risque de chirurgie de méningiome intracrânien. Les résultats pour les DIU au lévonorgestrel (stérilets hormonaux Mirena, Donasert, Kyleena et Jaydess), un contraceptif largement utilisé, sont très rassurants et en faveur de l’absence de risque de méningiome.

• Aucun enseignement n'a pu être tiré concernant le diénogest (Visanne et génériques) ou l'hydroxyprogestérone, les données de remboursement étant insuffisantes.

L'étude souligne l'importance d'une utilisation prudente des progestatifs à risque de méningiome. Les femmes utilisant ces médicaments doivent être informées des risques et des alternatives disponibles. Elles doivent également être suivies régulièrement par un médecin.

Des recherches complémentaires nécessaires

Des études complémentaires sont nécessaires pour :

• Mieux comprendre les risques liés au diénogest (Visanne et génériques).

• Évaluer les risques dans les pays où l'acétate de médroxyprogestérone injectable est largement utilisé comme contraceptif.

En conclusion, cette étude confirme que certains progestatifs peuvent augmenter le risque de méningiomes intracrâniens. Il est important que les femmes et les professionnels de santé soient informés de ces risques afin de prendre des décisions éclairées concernant l'utilisation de ces médicaments.

 

Source : epi-phare.fr